L'amitié est plus forte que tout
(olala, comme il est bien mon titre... J'avoue qu'il a peu de rapport avec le reste, mais je suis assez satisfaite de l'avoir trouvé, donc je vous le mets avant que je l'oublie, c'est un peu comme ça avec les idées de génie, ça passe et pfiout, à peine le temps de sortir un stylo et c'est fini)
Alors.
Je suis un peu embêtée.
Il y a quelques mois, Amélie et Philémon avaient tous les deux parlé sur leurs blogs respectifs d'un livre qui leur est cher: L'Eclipse, de Revzani.
A l'époque, j'avais aimé leurs billets, et même si je craignais un peu ma réaction face au thème principal de ce livre - la maladie d'Alzeihmer vue par le mari de la personne qui en est atteinte -, j'avais été tentée.
J'ai gardé ce bouquin au chaud, le temps pour moi d'être prête et de faire de la place dans ma vie pour cette expérience littéraire. Et puis un jour, je l'ai ouvert et j'ai lu.
...
Pfiouuuuuuuuuuuuuu.
1. J'ai commencé le 17 février. J'en suis à la page 70. Il m'en reste 127.
2. Lire ça le soir, c'est mauvais. Parce que soit je m'endors au bout de six lignes en oubliant d'éteindre la lumière, soit je fais des cauchemars (ou les deux).
3. Déjà qu'en ce moment, je déprime, mais alors là. Alors là. Ca me laisse... Mais complètement. (ça va, hein, on a le droit de pas finir ses phrases, j'en connais d'autres à qui ça arrive)
4. Je crois que je préfère largement les textes d'Amélie et Philou que le bouquin en lui-même.
Ce n'est pas que je n'aime pas. Mais j'ai vraiment du mal. L'histoire me parle, les sentiments que Revzani explorent me parlent, j'entends sa douleur, ses hauts, ses bas, les réflexions intérieures que l'on peut avoir vis-à-vis de quelqu'un que l'on aime et pour lesquelles on peut ressentir de la honte, de la tristesse, de la colère. La nostalgie pour le passé, je comprends, l'envie de revenir en arrière et le désespoir que cela soit irrémédiable et définitivement impossible, aussi. La rage que l'on peut éprouver à avoir face à soi quelqu'un qui n'est plus ce qu'il était, ce pour quoi on l'aimait, et la peine à se dire que la vie doit tenir malgré tout.
Mais ce qui me gêne, c'est cette impression que le passé était parfait, impeccable, irréprochable, que l'amour était total, absolu, grandiose et immaculé. Je peux comprendre que face à une adversité comme celle de la maladie d'Alzeihmer, et quand on sait quel destin elle réserve, on puisse embellir ses souvenirs. Mais je ne suis pas émue par ceux qui zappent les réalités difficiles du passé pour en faire un Eden perdu à jamais. Personnellement, les "Ah, mon amour! ma chérie! Elle tant aimée!" toutes les trois pages, ça me fatigue.
Non pas que je doute de son amour. Mais disons que la manière de l'exprimer me laisse de marbre. Le style est pas mal, mais je suis plus sensible à une écriture plus sobre, où le sentiment respire par les silences, les phrases simples. Dans l'Eclipse, il y a un nombre incalculable de phrases qui commencent par "Oui", et vous savez, c'est comme les gens qui finissent toujours leurs phrases par "quoi", ou qui les commencent par "bin" ou "euh". C'est le genre de trucs qui fait qu'à partir du moment où vous avez pris conscience du tic, vous passez votre temps à le guetter, quitte à ne plus rien entendre d'autre.
Là, c'est pareil. J'ai peu fait attention au reste, guettant le prochain "oui" qui émergerait du texte.
Je ne suis pas sûre de le finir. Je vis les instants que Revzani décrit, et si ce n'est pas Alzeihmer, c'est autre chose, tout aussi pénible. Je n'ai pas de plaisir à lire ce que ma réalité me donne. Je ne trouve pas de réconfort à savoir qu'il a pu ressentir les mêmes choses que moi.
C'est un avis personnel. Mais je comprends qu'il puisse toucher. Je ne suis juste pas le bon public.