Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le sac de Manue
Derniers commentaires
2 mai 2008

Vie de couple - Acte 40 scène 12

Faire ses courses n'est pas qu'une occasion de voir à quel point les prix augmentent, mais aussi une source de belles expériences humaines, si si. De quoi vous donner envie de devenir gardien de chèvres en haut d'une colline avec un colley fou qui trouve son bonheur à courir dans les prés. Vous voyez ce que je veux dire...

Rayon légumes - Madame est habillée comme en décembre, avec le manteau de fourrure et l'écharpe assortie, elle traîne difficilement son caddie encore vide, je sens qu'elle a très chaud mais que par manque d'imagination elle n'enlèvera pas sa couette, ses aisselles macèreront encore un moment avant de retrouver un peu de fraîcheur, dans plusieurs heures. Devant elle, Monsieur, qui visiblement se plie à la corvée du Monoprix, son bérêt gris posé sur la tête, il est penché sur les bananes qu'il regarde d'un air circonspect. Je suis près de lui, me demande s'il hésite entre poires et pommes, je l'entends qui marmonne. En fait, il me regarde d'un air las. Il attend que l'orage passe, trouvant dans les cages de fruits une seule bonne raison de ne pas affronter la tornade à poils qui le pourchasse.

Femme hurle, femme râle, femme s'énerve. Elle agite un poireau sous son nez, dans quelques minutes, elle le frappera sur la tête avec son arme fatale. Se prendre un coup de poireau en public, Monsieur a l'air d'y être habitué. Soupe de poireaux ou soupe de tomates, Monsieur s'en fout, et c'est bien cela qui agace Madame jusqu'à la rage.

Je les quitte en me demandant par quelle suite d'évènements tragiques un couple peut en arriver là. S'engueuler pour une soupe. Il a été infidèle mais a décidé de rester, elle lui fait payer sa rancune jusqu'à la mort; ils ont perdu un enfant et l'un se dit que l'autre est un peu plus responsable; ils ont vécu leurs jours et leurs nuits ensemble jusqu'à ne plus pouvoir se supporter, un trop plein de présence, une absence mal venue, qui sait? Mais l'addition est au moins aussi salée qu'une soupe de poisson.

Un peu plus tard, je les retrouve à la caisse. Femme continue de braire, elle a du poil au menton. Monsieur se fait traiter d'incapable, de lent qui n'est jamais content. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour qu'elle lâche qu'il est impuissant.

Un jour peut-être, il trouvera le courage que la planter avec ses poireaux sur le carrelage du supermarché. Un jour peut-être, il lui dira que ses humeurs sont de trop et qu'il la quitte pour vivre sa vie au calme (quelque part dans la colline aux chèvres).

Mais je ne pense pas qu'il le fera.

Publicité
Commentaires
S
Moi non plus...
P
Il aurait tord de ne pas le faire d'après ce que tu dépeints, mais parfois ce n'est pas si simple...
Le sac de Manue
Publicité
Archives
Publicité