Vie parisienne
Il suffit parfois de peu. Si peu pour sortir de la transparence.
A Paris, les gens habitent dans le même immeuble ne se parlent jamais. Sauf quand il y a un problème. Ils peuvent rester des mois sans se croiser, quand ils se croisent c'est à peine si un bonjour poli mais machinal sert d'échange.
En dehors de ça, rien. Un coup sur les murs quand l'un fait trop de bruit, un mot sur les boîtes aux lettres pour râler sans se mouiller, des portes qui claquent, des télés qui hurlent, des pas sur le parquet. La seule chose que ces personnes partagent, ce sont leurs poubelles qui finissent dans les mêmes bacs.
Et puis un jour, on descend les escaliers, on croise un visage que l'on n'a jamais vu, ou auquel on n'a jamais fait vraiment attention. On se voit venir, et alors que l'on n'a pas encore eu le temps de lâcher notre fameux bonsoir, on se rend compte que celui qui vous fait face a un large sourire qui vous attend. Alors on le rend, un peu surpris.
Le lendemain, c'est la même personne que l'on voit aux boîtes aux lettres. La probabilité que ce deuxième croisement soit si proche du précédent est infime mais elle arrive.
Cette fois, ce n'est plus juste un sourire, c'est quelqu'un qui vous demande si vous allez bien.
En quelques mots, vous sortez de la solitude citadine, et vous êtes prêt à rendre le sourire que l'on vous a donné à quelqu'un d'autre.