Premières emmerdes
J'aime pas les imprimantes.
Je n'avais qu'une seule page. Une page avec une pauvre adresse et un numéro de téléphone dessus. Toi, lecteur rationnel, tu te dis que j'aurais pu simplement le noter sur mon super bloc notes d'agent du FBI mais j'avais tellement la flemme que j'ai préféré faire vingt mètres pour aller récupérer ma feuille de trois lignes dans la mesure où je n'essayais pas, à ce moment précis, d'être efficace.
Je lève mon popot' de ma chaise, envoie promener la poubelle dans mon élan (provoquant la sortie magistrale d'un trognon de pomme qu'un anonyme vengeur a laissé pourrir dans MA poubelle), et au bout du couloir, j'arrive dans la salle à imprimantes. Ouh pinaise, on se les caille là dedans. Un collègue (spécimen Armani faux bronzé et cheveux gélatineux) sort illico de la salle. Ca sent le délit de fuite.
Ben voyons. L'imprimante qui m'intéresse clignote de partout, et c'est pas du vert. Le bouton rouge à problèmes est au taquet et un écran me dit "Paper Jam" (confiture de papier en français, autrement dit, le début des emmerdes parce qu'en général tu crois que tu as enlevé le bon morceau qui coince mais en fait y en a 12 qui ont été propulsés un peu partout, que même s'il ne reste qu'un demi timbre dans une zone inaccessible, la machine va irrémédiablement rester sur le message "Paper Jam" jusqu'à ce que tu aies perdu une main dans la bataille). Je soulève tous les couvercles et tiroirs, repère un bout de feuille coincé tout au fond, ouais là, juste devant y a une étiquette jaune avec un mec électrocuté. "Caution: very hot". Ahaha, trop drôle son very hot. On est dans un congélo, mais c'est pas grave.
Je tire le bout de papier, me brûle les doigts au troisième degré (bin c'était hot, quoi), ils ressortent noirs. Ayé je suis bonne pour l'amputation. Ah non, c'est l'encre de l'impression qui n'était pas sèche. Saloperie. En plus c'était même pas mon document.
Tout redémarre. Et me voilà partie à contempler cent vingts pages destinées à Armani Sainte Nitouche qui, pendant que je me fabrique une pneumopathie, se tape un baby foot avec ses potes.
Alors que j'entre en phase d'hibernation forcée, cette conne d'imprimante m'annonce "Tray 4 empty". Rupture de papier. Sauf que quand il te dit que le bac 4 est vide et que tu le remplis, il te répond que le bac 3 aussi est vide. Alors comme de toute façon, c'est la machine qui décide et que tu es connement obéissant, tu remplis le bac 3. Et là l'imprimante te dit qu'en fait il faut que tu la nourrisses en mode manuel. De l'esclavagisme, quoi.
Moi aussi je sais parler anglais ma bonne dame, alors cette fois, je lui réponds fuck your printing mother (han! ouais, carrément).
La vengeance est en marche. Je prends le bloc de feuilles imprimées, le fais malencontreusement tomber par terre, rassemble les pages en vrac (huhuhu, je suis cruelle, c'est si bon), et telle une fée, me dirige vers le baby foot où Armani Sainte Nitouche pouffe comme une tapette à souris.
Et là je lui sort un royal: "J'ai eu la bonté de régler le paper jam que tu as fui petit saligaud mais si tu veux la suite de ton doc, va falloir te trouver une autre bonniche ou apprendre à remettre du papier".
Je rentre au bercail, annule mon impression.
J'ai toujours pas mon adresse, mais je me sens démoniaquement forte.
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